Thierry Marini, à la tête de Mecaplast ©J-F Ottonello/PhotoPQR/Nice Matin
Thierry Marini, diplômé d'une école de commerce de 47 ans a donné un nouvel élan à l'entreprise familiale Mecaplast en ouvrant son capital. Interview.
Thierry Marini dirige cet équipementier automobile au bord de la faillite en 2008. Aujourd'hui, Mecaplast multiplie les usines en Chine et au Mexique, et compte bien débarquer aux Etats-Unis. Rencontre avec le patron de cette entreprise basée à Monaco.
Thierry Marini, diplômé d'une école de commerce de 47 ans a donné un nouvel élan à l'entreprise familiale Mecaplast en ouvrant son capital. Interview.
Capital : Vous êtes arrivé aux commandes de Mecaplast en 2008 alors qu'il traversait la plus grave crise de son histoire. Quelles ont été vos premières décisions ?
Thierry Marini : La crise du secteur automobile nous a effectivement frappés de plein fouet. Certains de nos sites ont perdu 60% de leur activité quasiment du jour au lendemain. Il a fallu essayer de stopper l'hémorragie, c'est-à-dire couper les frais, les coûts, les déplacements, en attendant que l'orage passe tout en cherchant à garder les équipes motivées. La grosse difficulté a été la rapidité avec laquelle la crise a impacté nos opérations : quand vous perdez plusieurs dizaines de milliers d'euros par jour, vous êtes dans une impasse. Garder son personnel devient difficile. Il y a eu beaucoup de démissions car les gens n'ont plus eu confiance dans l'entreprise.
Il a fallu serrer les boulons et, une fois toutes nos ressources financières épuisées, nous avons décidé de faire appel à un partenaire, le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles de la BPI, afin de ne pas déposer le bilan. Il est entré au capital, nous a permis de renforcer nos fonds propres et de passer cette mauvaise période. Ensuite, cela a été un gros travail de restructuration et de réorganisation du groupe.
Capital : Mecaplast était depuis sa création en 1955 une entreprise familiale. Or vous venez de céder 75% du capital au fonds d'investissement Equistone. Pourquoi ?
Thierry Marini : Nous avons redressé l'entreprise : elle est redevenue rentable, avec 750 millions d'euros de chiffre d'affaires et 6.000 salariés. Mais elle restait fragile. Nous avions besoin de puissance supplémentaire pour accélérer. Vous savez, dans le secteur de l'équipement automobile, il faut pouvoir se payer à la fois son développement et son business en finançant les études des produits que vous réclament vos clients. En clair, pour prendre une commande chez un constructeur, il faut avoir les moyens de financer son développement pendant deux ans environ.
Jusqu'alors, c'était difficile et cela pesait sur notre croissance. L'arrivée d'Equistone nous permet de soutenir notre développement organique et d'envisager des acquisitions stratégiques pour nous diversifier en termes de clients, de produits et de territoires.
Capital : Quelles sont vos priorités en matière de croissance externe ?
Thierry Marini : Nous avons des projets sur lesquels nous travaillons déjà comme le Maroc, où nos clients et PSA nous demandent de nous implanter, le Portugal et le Mexique, où l'on a déjà une très belle usine à Puebla et où l'on va en inaugurer une deuxième en fin d'année à Silao. Partout, nous accompagnons les constructeurs : ce n'est pas une politique de délocalisation, il s'agit bien de décentralisation pour alimenter les usines d'assemblage de nos clients.
Nous avons ainsi également quatre usines en Chine, notamment dans le centre du pays, à Wuhan, pour livrer non seulement les usines Citröen de PSA, mais aussi des équipementiers chinois, cela afin d'éviter de dépendre d'un seul client. Nous sommes présents en Inde pour alimenter les sites de production de Renault et de Nissan. Et nous nous intéressons aujourd'hui aux Etats-Unis et à l'Allemagne, où nous ne sommes pas encore installés alors que ce sont deux marchés extrêmement importants. Nous livrons déjà Volkswagen et BMW en Chine localement, et nous souhaitons travailler avec eux en Allemagne. Mais il est clair que, pour réussir cela, il nous faut avoir une implantation ou un partenariat local, et nous y travaillons.
Capital : Quelle est la part de votre chiffre d'affaires actuellement réalisé hors d'Europe ? Et jusqu'où peut-elle monter ?
Thierry Marini : Aujourd'hui, nous sommes à 24% de notre chiffre d'affaires hors d'Europe. Mais notre carnet de commandes est, lui, déjà à 34%. Après, cela dépendra largement de la stratégie des constructeurs : pour l'essentiel, ce sont eux qui pilotent, et nous, nous suivons. En revanche, nous nous sommes fixé comme objectif avec nos actionnaires d'Equistone de doubler notre chiffre d'affaires global, pour atteindre 1,5 milliard d'euros.
Capital : Vous avez annoncé récemment la construction d'usines en Slovaquie et au Mexique. Cela implique-t-il que vous n'envisagez plus de développement en France ?
Thierry Marini : Vous avez raison, je ne crois plus au développement d'usines Mecaplast dans l'Hexagone. Tout simplement parce que les constructeurs ont baissé leur production domestique, passée de 3,5 millions de véhicules il y a quelques années à 1,8 million aujourd'hui. Et je n'imagine pas que cela remonte de façon significative. Pour autant, Mecaplast* reste un groupe franco-monégasque, avec son siège à Monaco et des bureaux d'études en France.
*Mecaplast, qui a été fondé à Monaco, y conserve, outre son siège et un centre de développement, une petite unité de production de pièces en plastique
Source
Capital.fr